Selon le Job Stress Index, une étude réalisée tous les deux ans par Promotion Santé Suisse, près d’un tiers des Suisses sont épuisés au travail en raison du stress, et les chiffres sont en hausse. Ce constat difficile entre directement en corrélation avec notre mode de fonctionnement et notamment de respiration. À l’heure actuelle, nous respirons pour la plupart beaucoup trop, ce qui a pour conséquence d’activer le système nerveux sympathique et de fatiguer ledit système à l’excès. Conclusion, l’on se maintient involontairement dans un état de stress, là où notre acte le plus vital et le plus inconscient, autrement dit la respiration, porte en lui des bienfaits multiples et une capacité à nous libérer de ces états de stress et d’anxiété.
Moins respirer pour mieux s’oxygéner
Le constat est formel sur tous les plans : pour mieux vivre, il faut respirer moins. Car moins on respire, plus on oxygène le corps, ses cellules et le fameux système nerveux dont les mécanismes influent sur la gestion des émotions, qu’elles soient agréables ou désagréables. Les conséquences d’un mauvais fonctionnement respiratoire sont dramatiques sur l’organisme. Pourtant, trop peu d’entre nous ont réellement conscience de leur respiration et de l’impact que celle-ci peut avoir sur notre vie au quotidien. En période de stress, notre tendance à respirer trop vite et de manière désordonnée, un phénomène que l’on qualifie notamment d’hyperventilation, entretient le stress et l’aggrave. À l’inverse, une respiration profonde, lente et en conscience permet de ramener l’apaisement au cœur des situations les plus anxiogènes.
Le corps, une merveilleuse machine à respirer
Dès la naissance, le processus de respiration se met en place de lui-même dans la majorité des cas. Tant et si bien que l’on n’apprend jamais réellement à respirer comme on le devrait. Notre fonction la plus vitale et la plus indispensable est aussi, bien souvent, celle à laquelle nous prêtons le moins attention. À commencer par le mécanisme responsable de notre respiration. Chaque inspiration entraîne un élargissement de la cage thoracique et l’abaissement du diaphragme, qui sépare la cavité thoracique de l’abdomen, afin de permettre à nos poumons de se gorger d’air. Chaque expiration, quant à elle, produit le phénomène inverse : le diaphragme remonte, la cage thoracique se resserre et l’air expulsé permet d’évacuer les toxines produites par l’activité des cellules. Le mouvement du diaphragme influe également sur le positionnement de notre estomac, qui bouge en fonction de la monté et de la descente de ce muscle puissant au fil de notre respiration.
De même, respirer par le nez permet de filtrer, réchauffer et humidifier l’air inhalé grâce à la présence des muqueuses et des cils à l’intérieur des fosses nasales. Notre tendance à respirer par la bouche pour inspirer de grandes goulées d’air ne nous rend donc pas nécessairement service, puisque l’air impur qui parvient alors sans filtre ou presque directement dans notre organisme est fréquemment responsable des infections de la sphère ORL.
Prendre conscience de ces mécanismes est d’une importance primordiale, car c’est ce qui nous permet d’apprendre progressivement à saluer l’exploit du corps et à accueillir chaque inspiration et chaque expiration comme un véritable cadeau.
Maîtriser notre respiration pour reprendre le contrôle de notre vie
Au cœur de nos vies, force est de constater que l’on ne contrôle finalement pas grand-chose. La sensation que les événements et situations nous échappent est familière, récurrente, et terriblement frustrante. Tant et si bien que nous avons tendance à oublier que la première chose à faire est de reprendre le contrôle de notre respiration. Cet acte du quotidien, indispensable, vital, et fatalement oublié car mécanique depuis notre venue au monde, porte en lui de multiples bienfaits qui vont bien au-delà de simplement rester en vie. Car comment peut-on espérer vivre, et plus important encore, vivre l’instant présent, si nous ne prenons pas avant tout conscience de notre respiration ?
Respirer en conscience, c’est prendre la mesure de chaque inspiration et chaque expiration comme étant au centre de tout. Nombreux sont les exercices qui peuvent nous permettre de nous focaliser sur notre respiration, pour la replacer véritablement au cœur de notre vie. Après des années, voire des décennies passées à respirer inconsciemment ou de manière inadéquate, ces exercices relèvent d’un véritable entraînement mais permettent, au fil des jours, d’accéder non seulement à une pleine conscience de notre corps et de notre esprit, mais également à un apaisement de tous les instants. Car l’instant présent, après lequel nous courons trop souvent, est à portée de main et relève lui-même d’une respiration en conscience.
Certains maîtres spirituels, du côté du bouddhisme notamment, ont coutume de dire que respirer en conscience permet de nous libérer de l’angoisse, de la tristesse, de la souffrance et de nos schémas les plus douloureux. Notre corps et notre esprit sont étroitement liés, dans leur mode de fonctionnement, à notre manière de respirer. En prendre conscience aujourd’hui, c’est s’offrir la possibilité d’améliorer un petit peu chaque jour notre capacité à respirer véritablement et à nous libérer grâce au pouvoir réparateur et libérateur du souffle.